dimanche 3 mai 2015

Tous des héros

Allez, dans la foulée, un autre livre, pour celles et ceux plutôt adeptes des romans dits policiers.
Un article m'a attirée par son sujet, il y a de cela quelques mois: les femmes tondues à la libération.
Grand sujet tabou, rarement, voire jamais abordé. Et puis tout le monde était résistant, bien sûr. La collaboration? Pfff, pas de ça chez nous, je vous dis, tous et toutes héros de la guerre, tous résistants vaillants, tous dans le même camp.
Ben voyons, cela m'a toujours fait sourire, et ma curiosité a toujours été attirée lorsque le sujet est abordé sous un autre angle.


C'est le cas ici, grâce à Elsa Marpeau, qui publie dans la série noire de chez Gallimard "Et ils oublieront la colère".
Roman noir, sobre, juste. 
Le meurtre d'un prof d'histoire curieux et passionné par la période de la libération dans l'Yonne. Une flic pas banale, solitaire, avec ses failles affectives.
Et son instinct...
Et on se retrouve 70 ans en arrière, avec Marianne, en fuite devant une meute pleine de hargne.
Ce roman soulève bien des questions, amène bien des suggestions aussi. 
A la veille de la célébration du 8 mai, ce roman vous fera, je l'espère, appréhender notre Histoire sous un autre angle.
Non, tous n'étaient pas des héros, loin de là. Et dans chaque ville, chaque village, chaque bourg de notre joli pays, bien des mystères et bien des questions restent encore en suspens. Ne vous êtes-vous jamais posé la question, en compagnie de personnes ayant connu cette période: comment a-t-il vécu ces quelques jours dits de "libération"?  Et quand vous posez la question sur ces malheureuses femmes, n'avez-vous pas déjà rencontré des yeux étonnés, des moues silencieuses, des "Oh, je ne sais plus, tu sais c'est loin tout ça"...
Alors merci Elsa Marceau de nous amener dans la France profonde, avec ses hommes pas héroïques du tout, ses jalousies mesquines, ses secrets de famille glauques, le tout rassemblé dans la haine et la hargne. Tellement facile de s'acharner sur ces femmes fragilisées.
Elsa Marceau le souligne magistralement: aujourd'hui quand on recherche des témoins de cette période, victimes et bourreaux, plus personne ne répond, et pour cause. Pourtant 20 000 au bas mot ont subi cette torture. La honte, soixante dix ans après, toujours bien présente avec ses marques sur les générations, sans qu'elles en aient conscience, la plupart du temps.
Vive la psycho généalogie, quand les mémoires veulent bien se remettre au travail...
Tous des héros je vous dis.
Alors vite, courrez chez votre libraire, les cérémonies du 8 mai vous apparaîtront sous un autre prisme...
Bonne lecture.